Cimetières juifs d'Europe centrale

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Je ne vous propose pas une visite guidée documentaire (je n’ai pas envie d’expliquer, de commenter), encore moins un inventaire (il existe pour cela des livres savants et des pages documentées sur internet) ou une approche religieuse (goy je suis, et mécréant de surcroît).  Seulement des photos, dont j’espère qu’elles sont suffisamment  bonnes pour parler par elles-mêmes. Qu’elles transmettent un peu de l’émouvante beauté de ces lieux, où les arbres abritent le désordre des stèles plus ou moins à l’abandon. Abandon qui rend cette beauté poignante car il n’est pas négligence mais absence. Absence de ceux à qui il aurait du revenir d’entretenir les sépultures de leurs ancêtres avant de partager avec eux le silence des pierres. Disparus à Auschwitz ou à Treblinka. Et avec eux le Yddishland et sa culture, dont les cimetières constituent un bien maigre mais essentiel vestige.

                                                                                                                                                   

« Les Juifs de l’Est n’ont de patrie nulle part mais des tombes dans tous les cimetières. »

Joseph Roth - Juifs en errance

Varsovie, le cimetière de la rue Okopowa

Commémoration de l’insurrection du ghetto

Cracovie, le vieux cimetière Remu’h

Cracovie, le «nouveau» cimetière juif

Berlin Mitte (Scheunenviertel)

Berlin Prenzlauerberg

Fondé en 1806, c’est le plus grand cimetière juif d’Europe, avec 350 000 sépultures. Cela rappelle qu’en  1939, 380 000 habitants de Varsovie (1/3 de On peut y trouver la sépulture de l’inventeur de l’Esperanto, Ludwig Zamenhof, ainsi que le monument à la mémoire de Janusz Korczak, mort à Treblinka en août 1942, qui fut médecin et grand pédagogue : dans les années 1920, il créa des orphelinats autogérés par les enfants (les républiques des enfants).


Rue Szeroka, quartier de Kazimierz. Ouvert en 1533, il fut fermé par les Autrichiens en 1800, il fut entièrement rasé par les nazis, qui abattirent les murs. Le cimetière devint une décharge publique. Les fouilles des années 1950 ont mis à jour plus de 700 stèles qui avaient été enterrées pour les protéger de l’invasion suédoise au XVIIème siècle. Certaines stèles datent de la renaissance. il porte le nom du rabbin Moses Isserles, dit Remu’h, et jouxte la synagogue qui porte le même nom.


C’est le «vieux cimetière juif». Créé en 1672 et fermé en 1827, il comptait 10 000 sépultures lorsque les nazis le détruisirent totalement en 1943. La Gestapo en fit un terrain de sport. Sur le terrain mitoyen, la Gestapo fit d’une maison de retraite juive le dernier lieu de rassemblement des juifs berlinois avant départ vers les camps d’extermination. Le quartier de Scheunenviertel (le quartier des granges) avait été le point de passage ou d’arrivée des juifs d’Europe Centrale sur la route de l’exil.

Le 19 avril 1943 commençait l’un des épisodes plus improbables du XXème siècle : l’insurrection du ghetto de Varsovie. « Nous ne voulons pas sauver notre vie. Personne ne sortira vivant d'ici. Nous voulons sauver la dignité humaine ».

Le 19 avril 1990, la marche commémorative commença au cimetière de la rue Okopowa devant la tombe de Marek Edelman, seul survivant de l’état-major de l’insurrection disparu quelques mois auparavant.

Un peu à l’écart du quartier de Kazimierz (qui était une ville à l’époque), au bout de la rue Miodowa se trouve le «nouveau» cimetière, ouvert en 1800. Bien qu’il s’étende sur 19 hectares, il devint trop exigu dans les années 1920. Les nazis détruisirent beaucoup de stèles pour en faire des dalles de trottoir au camp de Plazow où étaient regroupés les juifs qui travaillaient à l’usine de Schindler. Quelques unes furent rapportées au cimetière dans les années d’après-guerre.  Le passage d’un train sur la voie ferrée qui longe le cimetière ajoute à la force évocatrice du lieu.

Ce cimetière fut créé en 1827, après la fermeture de celui de la Gross Hamburgerstrasse (devenu trop petit). Frédéric Guillaume III, dérangé par les cortèges funèbres qui croisaient son chemin vers le Chateau de Schönhausen, interdit l'accès par la porte principale. Le chemin secondaire prit le nom de “Passage juif”.

Ce cimetière fut utilisé jusqu’en 1976. En effet, bien que saccagé par les SS en 1933 et touché par les bombardements alliés, le cimetière de Prenzlauerberg a miraculeusement échappé à la destruction.